Utopia (création 2023)

Les Somnambules du monde qui va est une série théâtrale en 3 épisodes, racontant comment la France survit à une catastrophe climatique ayant provoqué l’inondation du monde. Les épisodes, de 40 à 50 minutes chacun, peuvent se comprendre indépendamment l’un de l’autre.

Résumé

Une catastrophe climatique provoque l’inondation du monde. En France, il ne reste plus que les montagnes. Tout est autre. Les autorités ordonnent de « ne rien prendre qui vienne de la mer ». Or, sur la mer, il y a un bateau, le Démétrius, qui a recueilli des adolescents naufragés. Alors qu’il erre sur la Grande-Mer sans jamais obtenir l'autorisation d'accoster, le bateau finit par atteindre le « continent de plastique » où les passagers décident de bâtir une utopie.

Le propos

En même temps qu’une réflexion sur le monde contemporain et ses problématiques climatiques et migratoires, cette série prend la forme d’une épopée au caractère initiatique : des adolescents découvrent auprès d’un adulte les affres du monde qui les entoure, et se questionnent sur la place qu’ils y tiennent : qui suis-je, alors que je n’ai plus rien ? Qui sont les héros d’aujourd’hui ? Quel est ce monde où celui qui sauve les autres risque la prison ?

Générique

Texte et mise en scène : Laure GRANDJEAN

Avec :

  • Achille ABOULIN
  • Julie BORIS
  • Bruno BERAUD
  • Cédric GUEUGNON
  • Jean-Marc LAYER
  • Jade VERNEAU

Graphisme : Aurélien GRANDJEAN

un bulot

Note d'intention

Par Laure GRANDJEAN

L’écriture des Somnambules du Monde qui va est née de l’indignation. En 2018, L’Aquarius, rejeté par Malte et les autres pays européens, a perdu son droit de naviguer. Cédric Herrou, ce paysan des montagnes qui recueille des migrants en détresse, était poursuivi par la justice, et il continue de l’être. L’image de mon grand-père, venu d’Espagne en 1915 avec ses parents pour trouver un avenir dans le sud de la France, s’est confondue avec celles des milliers de migrants qui fuient leur pays, aujourd’hui ; et avec celle de tous les vieux Espagnols de mon enfance, ceux de la Retirada, qui ont été parqués, comme des bestiaux, sur les plages du Roussillon et dans le camp de Rivesaltes, la ville où j’ai grandi. À ma grande stupeur, dans mon entourage, beaucoup ne voyaient pas le rapport… Quel est ce monde où celui qui sauve les autres risque la prison ? Quel est ce monde, où l’on peut continuer à vivre dans le confort, pendant que des individus désespérés se noient dans la mer où nous nous baignons, l’été ?

Notre civilisation, fondée sur un monde hyperconnecté et interdépendant, creuse sa propre tombe, étant prisonnière d’un système qui la pousse à la recherche du profit permanent. L’interconnexion n’offre que l’illusion d’un lien, si ténu qu’il peut se rompre à tout moment, provoquant l’effondrement de notre civilisation. La seule manière de vivre avec cette idée insupportable serait d’être capable d’une certaine résilience, de retrouver, en somme, le véritable lien entre nous, frères humains, un lien fondé sur l’entraide.

C’est l’essence même du théâtre, pour moi, un art fondé sur le collectif, où l’écoute de l’autre est essentielle, la concentration sur l’ici et le maintenant. La pièce Utopia sera une épopée, qui évoque la fin de notre civilisation, l’exil de naufragés repoussés de toutes part, et la fondation d’une utopie sur le continent de plastique !

Cette épopée cherche son héros. Celui qui, faisant preuve d’une totale abnégation en protégeant autrui, qui est arrêté et accusé d’un délit dont le nom même est une aberration : « le délit de solidarité », n’est-il pas un héros ? Celui qui traverse les guerres, les mers et les déserts, qui fait preuve d’un courage incommensurable, n’est-il pas un héros ? Les « migrants » semblent perdre leur humanité même. Leur mort par centaines devient une habitude. Il s’agit d’une série de l’exil climatique, qui remet l’individu à sa place, et redonne au groupe tout son sens.

A la mort de Rémi Fraisse, certains ont commencé à qualifier de « djihadistes verts » pour les gens qui, comme ce jeune homme, luttent pour un monde plus égalitaire et écologique. Quel est ce monde, où les militants deviennent des terroristes ? Il y a aussi tous ces artistes, ces scientifiques, ces bénévoles, tous ces humains en somme, qui deviennent, dans le discours ambiant, des idéologues, des utopistes, des illuminés, qui ne comprennent pas qu’il faut protéger notre économie, nos emplois… Utopia affirme le droit de rêver l’utopie, et pourquoi pas, de la réaliser !

Une pièce participative

La compagnie peut faire appel à des comédiens amateurs. Selon le temps de répétition, les envies des participants et leur nombre, ils peuvent être amenés par exemple : à chanter la chanson du générique, à créer des marionnettes, des costumes, à jouer des rôles parlants ou non, à créer des scènes de chœur...

photo du spectacle Utopia (8R0A4237)
©Famory Traoré